Vidéo L’envers de soi

Une révolution intérieure

Pendant plus de 20 ans, Sophie Elbaz a parcouru le monde et plongé son regard dans le trou noir des injustices et du malheur. L’inceste aux Etats-Unis, la Bosnie et ses viols massifs, les camps de réfugiés au Rwanda l’ont conduite au cœur de la souffrance humaine. Engagée aux côtés des exclus et des laisser pour compte, elle a souvent mené un combat sans merci contre l’oubli et le non-dit, imposant, face aux désordres du monde, un ordre du cœur.
Mais rares sont les reporters, qui, dans l’histoire de la photographie, entreprennent un voyage intérieur. Raymond Depardon avait pourtant, dès 1981, dans sa « correspondance new-yorkaise » réalisée pour le journal  Libération, porté le coup de grâce au reportage dit « objectif » que la tradition humaniste avait poussé à ses limites. Nous donnant à voir des « images mentales », il nous rappelait que la seule aventure capable d’être vécue était l’aventure intérieure. C’est dans cette perspective que s’inscrivent les photographies de Sophie Elbaz.
Loin d’une recherche de la typologie urbaine et sociale d’un Walker Evans, Sophie Elbaz trouve à Cuba la matrice d’un inconscient collectif tissé de résistances et d’humilité. Aleyo représente le regard de l’étrangère, mais, dans le même temps, renvoie à une problèmatique personnelle. Les images s’enchaînent comme dans un rêve et, de leur organisation, naît un discours. En nous parlant de Cuba, Sophie Elbaz nous renvoie à sa psyché. Cette forme d’authenticité faite d’osmose impose un style : celui d’une photographe libérée de tout préjugé qui renoue avec ses origines et son passé.

Jean-luc Monterosso
Directeur de la Maison Européenne de la Photographie


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